La 65e édition du
Magal de Mame Diarra Bousso se tient aujourd’hui 11 février 2016 à Porokhane (dans la région de
Kaolack). L’événement religieux dédié à la mère du fondateur du mouridisme accueille
chaque année des milliers de pèlerins
pour célébrer la vertueuse Sokhna Diarra. Un rappel sur sa vie et son œuvre.
AMINATA FAYE
Elle n’a pas vécu longtemps. Mais sa mémoire se perpétue à travers les générations. Sokhna Mariama Bousso dite Mame Diarra Bousso née vers 1833 à Golléré, a disparu en 1866 à
l’âge de 33 ans. Une vie courte mais qui
laisse un héritage incommensurable. Aujourd’hui, Porokhane connaitra comme
chaque année, une grande affluence à l’occasion de cet événement religieux, avec
des milliers de disciples venant de partout pour célébrer la vertueuse
ascendante de Cheikh Ahmadou Bamba.
Dénommée l’idéal de la femme en Islam, elle a su en seulement 33 ans
marquer son empreinte. Soxna Diarra descend de par son père Mouhammadou Bousso de
Hassan, petit fils du Prophète (PSL). Sa mère Soxna Astou Waalo, qui vécut cent
trente huit (138) ans, enseignait le coran. L’on raconte qu’elle récitait dès
l'âge de trente ans, chaque nuit, tout le saint Coran en huit (8) Rakkas. De
son ascendance aussi bien paternelle que maternelle, Sokhna Diarra a donc
hérité d’une forte tradition d’érudition en Sciences Coraniques, et d’une
profonde piété. Sous la férule de sa vénérable mère Soxna Asta Wallo, elle a
achevé à 14ans son premier Muçhaf (rédaction de mémoire du Saint Coran). En elles,
se retrouvent incarnées toutes les valeurs culturelles de l’islam. D’ailleurs,
le surnom de Jâratul Lâhi (Voisine de DIEU) qui donnera le diminutif Mame
Diarra lui a été valu par ses nombreuses qualités spirituelles et humaines.
Sokhna Diarra dit-on, ne s’est jamais plainte, n’a jamais rechigné à la
tâche, pour la seule gloire de DIEU et de son Prophète (Paix et Salut sur Lui).
Dans le sillage de la tradition familiale, elle s’est appliquée à perpétuer les
pratiques méritoires comme la vivification des foyers de formation religieuse,
la mémorisation du Coran, l’enseignement des sciences religieuses et la
pratique du soufisme. Ainsi, elle est arrivée à une maîtrise parfaite de la
Théologie, de la Jurisprudence et du Taçawuuf. Des biographes de Mame Diarra
bousso racontent, que jamais de sa vie, elle n’a manqué une prière. Mieux, elle
n’a jamais accompli une prière sans la faire précéder d’ablutions
scrupuleusement exécutées. De même, chacune de ses prières, soigneusement
accomplie à l’instant requis et dans l’orthodoxie la plus pure, est
invariablement conclue par une séance de wird. La plus part de son temps, elle
le consacrait à la lecture ou à la récitation du Coran, sinon, elle formulait
des prières en faveur du Prophète (çalâtu cala-n- Nabî). Elle ne manquait jamais à son devoir de solidarité sociale à
travers les aumônes qu’elle distribuait généreusement, sans ostentation ni
mépris pour le récipiendaire.
Faute de recevoir un contre ordre de Serigne Mame Mor
Mbacké (son époux), il lui est arrivé de passer une nuit entière sous la
tornade, agrippée à un pan de clôture attendant jusqu’aux premières lueurs de
l’aube, l’ordre d’abandonner ledit pan que son époux lui avait demandé de tenir. Cette anecdote restée gravée dans la mémoire
collective des croyants a été d’ailleurs chantée par pas mal d’exégètes du mouridisme. Ce, pour s’en servir de base argumentaire afin
d’instruire à toutes les femmes leurs devoirs vis à vis de leurs époux.
Des hommages rendus par les poètes Serigne Moussa Kâ et Serigne Mbaye Diakhaté. Il ressort, respectivement :" Tu étais l’épouse modèle quand les autres étaient source de soucis. O championne, tu triomphas dans l'arène où exultaient les fils des différentes épouses dites vertueuses. C'est pourquoi leurs fils se font domestiques alors que le tien se tient, lui, sur un piédestal. Tu fis ce que nul ne fit ni ne put. C'est pourquoi nul n'aura après toi une telle récompense, O Mame Diarra" ; " Tu n'étais point usurière et tu n'étais point source de conflits. Tu ne disais que la vérité et tu t'y astreignais".
Plus d’un siècle après sa disparition,
Mame Jaratul lahi demeure le parfait exemple d’une piété incommensurable générée
par une pure connaissance des Sciences Religieuses.
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