Les pluies font des malheureux dans plusieurs coins du
pays du fait des incessantes inondations. Mais elles font aussi beaucoup
d’heureux dans d’autres coins. Les marchands ambulants qui s’activent dans la
vente de parapluies, essuie-glace, et de chaussures plastiques ne diront pas le
contraire.
Voltaire avait raison et continue de l’avoir. ‘’Le malheur des uns fait le
bonheur des autres’’. C’est une citation qui nous est certes familière, mais
qui attendait la tombée des fortes pluies à Dakar pour montrer tout son sens.
Depuis lundi, l’on ne cesse d’observer les ravages causés par les fortes
précipitations que Dakar a reçues. Mais c’était sans imaginer que d’autres
prient pour sa continuité qui favorise un chiffre d’affaire assez élevé.
Midi passé de 11 minutes sur l’avenu front de terre, il n y a que de fines
gouttes de pluies, mais l’eau est là.
Pantalon relevée, chemise retroussée, la tendance tape à l’œil nu et se
retourne vers un habillement décontracté et agrémenté par des sandales en plastique. Le look du
jour a aussi comme accessoire indispensable, le parapluie. Une norme qui fait
bien des heureux. Short en jean, lacoste blanc, ce marchand ambulant ne joue
point avec le temps. Vu les fortes pluies qui se sont abattues ces derniers
jours, il change de marchandise et vend des parapluies. Cinq d’une main, trois
d’une autre, il marche à pas ralentis se disant sans doute que par A ou par B
il fera une bonne vente. Une minute pour l’observer, et un maçon, puisqu’il
tenait une pèle, lui demande le prix d’un article. D’un ton sec, il rétorque
3 000 Francs CFA. Puis, non sans marchander, il continue son chemin. Un,
deux mètres de suite un autre marchand se met à l’air du temps. Il a en
bandoulière un grand sac, lequel contient des sandales en plastique, les exemplaires
ne quittent pas ses mains. Sur l’avenue Bourguiba, c’est le même constat, les
vendeurs de parapluies et autres accessoires convergent l’embouteillage monstre
de Dakar.
‘’ Je ne prie que pour
l’abondance de la pluie pour faire mon affaire ’’
Teint clair, mine enjouée, Seydou Diop est
trouvé aux environs du palais de justice de Dakar. Dans son pantalon
coloré relevé jusqu’aux jambes, un t-shirt gris qui déborde de tous les bords,
il tient ses parapluies. Approché, il
s’empresse de dire ‘’vous désirez le petit ou le grand model’’. A défaut de
vendre un article comme imaginé, il se livre à nous et dit ‘’ c’est le lundi
passé que j’ai commencé le commerce des parapluies. Avant je vendais des
ceintures dans la banlieue. Avant-hier
(Lundi) je me suis payé 30 parapluies à 30 000 Francs Cfa pour les
revendre à 1500 pour les petits et 3000 Francs pour les grands. Mais je rends
grâce à Dieu dans les 72 heures de pluies
je m’en suis très bien sorti. Vraiment, je ne prie que pour l’abondance
de la pluie pour faire mon affaire davantage’’.
‘’S’il pleut je peux gagner
jusqu’à 50 000 Francs CFA la journée…’’
Au rond point poste Médine l’on croise cheikh Ndiaye dit Cheikh ‘’Balaie’’.
Vendeur d’essuie-glaces de son état, il passe inaperçu. Même sans porter son
sac à dos qui contient les essuie-glaces l’on sent la lourdeur de la charge
qu’il porte dans son dos. Sur le sujet,
il ne trébuche point. Cheikh Balaie s’ouvre affectueusement et fait le point. ‘’Je
ne suis pas un des jeunes marchands qui profitent des bienfaits de la saison
pour s’adonner à cette activité. Moi, depuis 2012 je vends les balaies
(essuie-glaces), qu’il pleut ou qu’il vente. Mais pour ne dire que la vérité
l’hivernage est notre période à nous. Forcément notre chiffre d’affaire revoit
à la hausse. S’il pleut je peux gagner jusqu’à 50 000 Francs CFA la
journée sinon comme aujourd’hui même si le ciel annonce une pluie ça ne l’est
pas encore. Alors on rentre avec la somme de 10 000 voire 15 000
Francs Cfa. Tout mon souhait c’est que Dakar soit comme en Europe où il pleut
abondement et comme cela on ne se plaindra guère…’’ tonne t-il gaiement.
‘’Les chaussures plastiques
sont la tendance obligée puisque l’eau est partout’’
Entre les artères encombrées de
Petersen. Une jeune fille en taille basse
wax qui offre une démarche majestueuse s’approche de là où Amadou Gueye étale
sa plastique, dans l’espoir de tout écouler avant la descente. Elle prend une
chaussure l’essaie comme le veut la tradition au pied droit, l’enlève, essaie
encore jusqu’à la troisième qui semble être à son gout. Amadou balance une
belle suggestion et arrive à la convaincre. La belle liane qui a préféré taire
son nom l’achète à 1000 Francs et confie ‘’ je sens que l’une de mes
chaussures est sur le point de se gâter
alors j’ai décidé de faire un crochet, acheter une paire avant de rentrer. Les
plastiques durent beaucoup plus de temps et avec les eaux stagnantes il y a moins de risque de perdre une paire de
chaussures couteuse et d’une qualité moins fragile. Son vendeur, heureux
d’encaisser une énième fois dans la journée trouve enfin le temps de dialoguer.
‘’Comme vous le voyez c’est la tendance obligée en hivernage. Alors même si
c’est mon travail de tous les jours de 2006 à maintenant j’ose dire que je ne
me plains pas en cette période. Je vends pour tous les gouts et tous les âges
en gros et en détails et plus il pleut, plus la clientèle augmente… ‘’ Balance
t-il d’un air satisfait. La balade se
termine dans les boutiques à Petersen qui distribuent en gros ces produits et comme
l’on s’attendait, c’est la bouscule par ci, à la queue le leu par là.
Désormais, chantons comme voltaire car les preuves sont sous nos yeux…