jeudi 20 avril 2017

Les Sarl désormais libres de déterminer leur capital


 Les députés ont adopté à l’unanimité la loi portant réglementation du capital de la société à responsabilité limitée. C’est un pas important dans la création des entreprises. Ce projet de loi a une portée significative dans l’amélioration de l’environnement des affaires.

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crédit photo: lecoindesentepreneurs.fr
Le capital social minimum pour les sociétés à responsabilité limitée (Sarl), n’est plus fixé par l’Etat du Sénégal. La loi n° 2014-20 du 14 avril 2014, qui a fait passer le capital social de la Sarl de un million à cent mille francs Cfa, vient d’être remplacée par la loi n°01-2015. Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Sidiki Kaba, a informé que depuis le vote de la précédente loi, de nombreuses entreprises ont vu le jour. Au niveau du registre de commerce et du crédit mobilier, il a été enregistré la création de 1502 sociétés commerciales à Dakar, 135 à Thiès, 22 à Ziguinchor, 21 à Kaolack, 13 à Saint-Louis, 9 à Tambacounda, 6 à Diourbel, 4 à Matam et 3 à Kolda.
Le présent projet de loi, encore plus ambitieux, permettra à des associés, le plus librement possible, de décider ce qu’ils entendent faire avec l’outil qu’ils ont choisi pour aller à la conquête du marché. Ainsi, ils seront libres de déterminer à travers les statuts ce que sera le montant de leur capital social. Ce montant peut aller jusqu’à 1 milliard ou plus, une facilité qui est accordée à la fois aux investisseurs et aux associés. Une manière de booster l’économie, etc.

Cette loi permet aux investisseurs de se tourner davantage vers le Sénégal pour contribuer à trouver des solutions au problème urgent que constitue le chômage des jeunes et des femmes. Mais elle permettra surtout à ces catégories sociales de s’investir dans l’entreprenariat sans se heurter à des contraintes. 

                                                                                                                                          Aminata Faye
                                                                                                                                         LOBS 28/03/15

Coumba Gawlo pour un retour aux sources

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Face à la presse, Coumba Gawlo Seck a présenté son nouvel opus, «Sen Gawlo yeksina». Ceci entre dans le cadre de la célébration de ses 25 ans de présence sur la scène musicale…

La diva à la voix d’or rayonne dans une tenue décontractée et haut perchée sur des talons. Dans son antre, où elle concocte de belles sonorités pour les férus de sa musique, à Sacré-Cœur, Coumba Gawlo distribue des sourires à n’en plus finir. Heureuse de baptiser son nouveau «bébé», à l’occasion d’une séance d’écoute avec la presse, la chanteuse a tout mis en œuvre pour que la fête soit belle. Des baffles, disposés un peu partout dans la pièce devenue trop exiguë pour la circonstance, distillent les mélodies de son dernier opus, «Sen Gawlo Yeksina». Affalée sur un divan, face à ses invités, la reine du jour écoute religieusement les tubes passés un à un. Mine enjouée, elle se délecte, en même temps que les pisses-copies. 30 minutes après, le spectacle prenait fin, place à la présentation de l’album. Coumba Gawlo, en parfaite oratrice, déroule son speech. «C’est un album tradi-moderne de 6 titres (Sen Gawlo Yeksina, Diery Dior Ndella, Ndamello, Ndiawnaré, Chambre 105, Ngougou-ouri)», précise-t-elle d’emblée. En bonus, un 7e morceau, «Woy rek ma war», que la chanteuse, veut imposer comme un hymne, histoire de célébrer sa riche carrière. Une carrière qui dure depuis un quart de siècle et pendant laquelle, elle n’a cessé de faire rêver les mélomanes. Dans cette nouvelle production, Coumba prône un retour aux sources, à travers la Culture et la Tradition orale. Par la même occasion, l’interprète de «Pata Pata» rend un vibrant hommage aux artistes traditionnels, de la trempe d’Abdoulaye Mboup, Ndiouga Dieng, Fatou Kiné Mbaye, sa propre mère. Ces précurseurs qui ont donné une touche purement africaine à la musique sénégalaise, grâce aux instruments traditionnels. La diva a également plaidé pour la paix et la concorde nationale. Revenant sur le titre de l’album «Sen Gawlo Yeksina», elle renseigne que c’est pour elle, une manière de montrer sa fierté d’appartenir à une famille griotte et Gawlo, qui lui a appris à respecter les valeurs. C’est aussi pour elle, un moyen de remercier son public qui la suit depuis toutes ces années. Et pour la perfectionniste qu’elle est, cela passe forcément par la rigueur qu’elle met dans la confection de ses albums. Le résultat au bout de l’effort, Coumba se surprend même à être fière de ses œuvres. «En écoutant mes morceaux, j’éprouve un sentiment de fierté. Je me surprends à vouloir percer ce mystère de la vie, lorsque j’ai des mélodies. Je me dis alors que Dieu est Grand. Je Lui rends grâce car, Il m’a tout donné», lâche-t-elle mélancolique et joviale à la fois, comme la plupart de ses chansons.

Sur un autre ton, un autre registre, Coumba Gawlo a abordé le programme lié aux festivités de ses 25 ans de musique. Un programme riche et alléchant sur plusieurs dates, pour tous les âges. Comme quoi, un quart de siècle, ça se fête ! 

KHALIFA SALL: «L’Attitude du gouvernement du Sénégal nous surprend, l’Etat s’est dédit… »


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La première séance plénière du jeudi dernier a semé la zizanie chez les conseillers municipaux. C’est à l’Assemblée nationale qu’il a été annoncé que l’emprunt obligataire de 20 milliards Cfa est bloqué. Chose que le conseil municipal ne veut pas entendre.

C’était parti pour une session ordinaire, comme chaque trimestre. Mais finalement, elle est devenue extraordinaire. Les conseillers municipaux n’ont pas manqué, hier, lors du conseil municipal, de déverser leur bile sur la décision de l’Etat de vouloir bloquer l’emprunt obligataire pour leur projet de moderniser la Ville de Dakar. Ce programme «Dakar 2025» qui vise à reconstruire la ville, a débuté il y a déjà 4 ans. «L’Etat du Sénégal, de 2012 à juillet 2014, a marqué son accord par des avis de non objection à trois reprises», fait savoir Khalifa Sall. Le gouvernement nous oppose des arguments qui, pour nous, ne peuvent pas prospérer, qu’il s’agisse des arguments sur la discontinuité, les effets contingents, l’endettement de la ville, entre autres, car il (l’Etat) disposait de tous ces éléments en juillet 2013, dit-il.  Ce qui gêne, c’est que «l’Etat du Sénégal puisse se dédire», parce que tous les partenaires, notamment l’Usaid, la Banque mondiale, Bille et Melinda Gates, qui se sont engagés dans le projet, étaient d’accord, parce que l’Etat avait donné des avis de non objection. Dans une phase de concertation et de consultation depuis que la nouvelle est tombée, la Ville de Dakar est en train de rencontrer les autorités américaines, mais aussi par des débats, les collègues africains concernés par le financement des villes.
Le mal est que l’échec que Dakar va enregistrer risque de handicaper les autres villes africaines qui étaient en attente et qui devaient être financées par les partenaires américains.
L’on retient qu’il y a un taux d’intérêt de 6,6% par an, exonérés d’impôt pour les résidents au Sénégal dans ce projet dont le montant de l’opération s’élève à 20 milliards de nos francs.

Toutefois, le fait pour l’Etat de «se rétracter» n’est pas sans conséquence, parce que selon le maire, il y a une loi de 1970 qui régente les décisions de l’Etat et les moyens par lesquels l’Etat peut revenir sur ces décisions, mais surtout, il y a eu des jurisprudences de la Cour suprême portant sur des «non» très célèbres. 
                                                                                                                              Aminata Faye
                                                                                                                           LOBS 15/03/15

mardi 18 avril 2017

La fête des amoureux, une bonne affaire dans les bons coins

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credit Photo: Pratique.fr
L’homme s’avance timidement entre les allées d’une boutique spécialisée dans la vente de sous-vêtements pour femmes. L’air ennuyé, la mine empotée, il jette des regards perdus tout autour avant qu’une dame, les sourcils bien dessinés, ne vole à son secours, le sourire en coin. «Que puis-je faire pour vous monsieur ?», minaude-t-elle. Un chouia embarrassé, l’homme bégaie : «En fait, je cherche un cadeau à offrir à ma femme pour la Saint-Valentin et je ne sais vraiment pas quoi.» Experte en la matière, la vendeuse lui propose des dessous, plus affriolants les uns les autres. Slips coquins, boxers en dentelles, soutiens-gorge en soie, huiles de massage, parfums etc. Devant cette panoplie qui l’embarrasse, l’homme, qui affichait sa préférence pour la couleur rose, finira par flasher aussi sur le bleu. La vendeuse lui fourre les deux tenues dans un emballage en papier soyeux, avant de lui faire la note. Content de son acquisition, le quadra baragouine un «merci» poli, avant de s’évaporer dans les dédales du grand centre commercial.
En ce vendredi, veille de la Saint-valentin, hommes comme femmes furètent dans tous les bons coins de la capitale, dans le seul but de surprendre leur douce moitié. Un tour à «Riad al Sultan», institut de beauté qui s’ouvre sur la corniche ouest de Dakar, suffit pour s’en rendre compte. Ici, le décor est aussi féérique que l’accueil. Des meubles en bois ornent la salle d’attente, à gauche sur une table bien garnie, sont étalés des «sels de bain», des «bougies parfumées», entre autres produits pour couple. Devant la réceptionniste, une dame, qui a préféré garder l’anonymat, style «working-girl », « make-up » discret, les cheveux coiffés en torsades, finit de  réserver des séances de massage et de soins de visage. Le coût est plutôt exorbitant, mais pour elle, rien n’est trop onéreux pour faire plaisir à son homme. Pour madame, «satisfaire son «Meilleur» demeure (sa) priorité». Son credo pour la vie. Quelques minutes plus tard, l’on aperçoit un homme, également venu prendre son «cadeau» après la réservation prépayée de son épouse pour des soins complets au hammam.

Autre lieu, autre décor. Dans ce centre commercial de la place, les offres se suivent mais ne se ressemblent pas. «Offre Saint-Valentin jusqu’à -15% de remise sur votre choix», «Offrez-lui un cadeau !» Dans cet antre dédié aux emplettes, l’amour vit dans chaque coin. Ces mots font l’affiche dans beaucoup de boutiques. La première que nous visitons, décorée en rouge, est spécialisée dans la vente de roses qui, de l’avis de la gérante, s’écoulent par milliers. Surtout la rose rouge, emblème de la Saint-Valentin par excellence. Mais les cadeaux divergent ! C’est selon le style, le goût ou la préférence de la personne qui l’offre. Adolescents comme personnes d’un certain âge, tout le monde fête l’amour. Peu importe le prix ! 
                                                                                                                                           Aminata Faye

lundi 10 avril 2017

L’Université de Dakar rend hommage à son parrain, Cheikh Anta Diop

C’est aujourd’hui l’anniversaire de la disparition du savant sénégalais, Cheikh Anta Diop. Mais hier, un jour avant cette date inoubliable, un vibrant hommage lui a été rendu  à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. C’était à l’occasion de la conférence inaugurale annuelle de rentrée.

De la tombe où son âme repose, Cheikh Anta Diop a eu droit à une marque de respect. C’est un beau salut ! La cérémonie a été à la hauteur de l’historien, anthropologue, égyptologue et homme politique sénégalais. Une matinée pas comme les autres.
10 heures à la porte d’entrée de l’amphithéâtre de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) II, l’accueil est unique. L’on peut lire sur le visage des organisateurs l’amour qu’ils portent à cet éminent homme. Motivés, ils accueillent un groupe de personnes par ci, distribuent des flyers par là, avec, à coté, deux tables disposées parallèlement et sur lesquelles sont disposés des ouvrages à vendre. Un pas de plus suffira pour avoir accès à la salle qui accueille les invités. Là, se remplit  progressivement la salle, déjà presque comble.

Projection d’extraits de conférences du savant sénégalais. Trente minutes après, la séance est ouverte. Le public, composé d’élèves et étudiants, observe un silence absolu. Les premières loges sont occupées par les autorités et parents de cheikh Anta Diop. Stylo à la main, les premiers mots du conférencier, Théophile Obenga, captivent tout le public qui s’est vite mis à la prise de notes. En effet, la conférence avait pour thème : «L’enseignement des humanités égypto nubiennes en Afrique noire : quels fondements scientifiques ? Quelles conditions de mise en œuvre ?» Un choix que la Fondation Léopold Sédar Senghor dit avoir fait pour appuyer la conviction profonde de ce savant, éminent égyptologue. Le temps passe, la cérémonie aussi.

«L’Afrique recule parce que…»
Le conférencier, égyptologue, linguiste, historien,  qui a défendu une vision de l’histoire africaine recentrée sur les préoccupations des chercheurs et intellectuels africains, soucieux de revisiter leur patrimoine (Afrocentricité) Théophile Obenga, avec Cheikh Anta Diop, est un conférencier hors pair. L’on en oublie le temps qui passe. Plus on avance, plus la conférence est intéressante. Ces arguments étaient entrecoupés de rires par ci, de tonnerres d’applaudissements par là. Comme qui dirait : «A Rome, on fait comme les Romains». Il a utilisé le langage adéquat pour se faire comprendre des étudiants. Montrant ainsi aux jeunes la voie qu’il faut emprunter pour une «Afrique meilleure». «Il nous faut une bonne organisation, on n’est pas plus idiots que les autres». Suffisant pour que la salle se mette à rire. «Il faut organiser des séminaires, des visites dans la vallée du Nil, des documentaires, créer des réseaux sociaux. On recule parce qu’on n’est enraciné(s) nulle part. Les pays qui se développent travaillent tous les jours, ils ne parlent même pas de développement ou d’émergence. L’Afrique ne peut pas rester ainsi, ce serait une injure à l’humanité».

 Cheikh Anta Diop, un savant jusqu’à son dernier souffle

Mais qui a-t-il été ? Qu’a-t-il fait ? Pour quiconque ne saurait répondre à ces questions, voici une synthèse. Cheikh Anta Diop, né le 29 décembre 1923 à Thiétou (Bambey) et décédé le 7 Février 1986, fut un historien, anthropologue, égyptologue et homme politique sénégalais, qui a mis l’accent sur l’apport de l’Afrique et en particulier de l’Afrique noire, à la culture et à la civilisation mondiales. Ses thèses restent discutées dans la communauté scientifique, en particulier, au sujet de l’Egypte antique. Précurseur pour ce qui concerne l’importance et l’ancienneté de la place des Africains dans l’histoire, confirmées par les études actuelles, sa vision est interprétée comme une anticipation de découvertes archéologiques majeures des années 2000 sur le continent africain.
                                                                                                                                      Aminata FAYE 

jeudi 6 avril 2017

VIDEO : A l’heure de revisiter les valeurs culturelles de l’islam

Les grandes journées culturelles Cheikh Ahmadou Bamba se tiennent à Dakar les 16, 17 et 18 juillet prochain. Cet événement, qui coïncide avec l’anniversaire des 40 ans de la Daahira ‘’Hizbut-tarqiyyah’’, sera une occasion pour revisiter la vie et l’œuvre du fondateur du Mouridisme dans la réhabilitation des valeurs culturelles de l’Islam. 

C’est quoi le Mouridisme ? Qu’est-ce que l’islam peut apporter à l’humanité toute entière ? La Dahira ‘’Hizbut-tarqiyyah’’ va aborder toutes ces questions, à l’occasion de la cérémonie de ses 40 années d’existence. Selon le responsable moral de cette Dahira, Serigne Atou Diagne, qui s’exprimait hier, lors de la conférence de presse de la Direction générale du ’’Hizbut-tarqiyyah’’, cet anniversaire sera entièrement dédié au fondateur du Mouridisme. Il coïncide même avec les journées culturelles Cheikh Ahmadou Bamba initiées par l’Institut international d’études et  de recherches sur le Mouridisme (IIERM) qui se dérouleront à Dakar, du 16 au 18 juillet prochain.  
Il s’agira, pour le ’’Hizbut-tarqiyyah’’ de présenter l’image authentique du Mouridisme. Cela va se faire  à travers ‘’des débats fructueux sur les clichés détracteurs, falsificateurs et malveillants qui peuvent brouiller l’information que reçoivent beaucoup de gens’’, informe Serigne Atou Diagne. Ainsi, l’objectif principal de ces grandes journées est de mettre en place toutes les stratégies innovantes pour faire découvrir le Mouridisme dans ‘’le rendez-vous du donnez et du recevoir’’. ‘’Les valeurs culturelles de base de l’islam réhabilitées par Cheikh Ahmadou Bamba y seront revisitées par une production de qualité’’, souligne le responsable moral.


  
Montrer la bonne image de l’islam
Au programme, il est prévu des conférences, une exposition, des panels sur des thématiques diverses, ainsi qu’un festival riche en spectacles et enseignements au stade Demba Diop. Ceci traduit, d’après le responsable, ‘’la diversité de ses activités, l’unité musulmane qui développe la réconciliation des divergences et récuse le refus non justifié de l’autre’’. Ce sera également, dit-il, une occasion de distinguer, à travers des débats, le panislamisme des autres doctrines panarabes.  La grande conférence sur ‘’la philosophie islamique de la paix réhabilitée par Cheikh Ahmadou Bamba’’ se tiendra à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. 
Par ailleurs, ces grandes expositions seront des espaces d’échanges pour les chercheurs et universitaires. Elles enregistreront la participation d’une dizaine d’exposants. Les organisateurs de ces rencontres informent que toutes les familles religieuses du Sénégal et de la sous-région, la communauté mouride dans toutes ses composantes prendront part à ces journées, en vue  de montrer la bonne image de la religion islamique.  ‘’Un Islam transtemporel et transcontinental au-delà de tous les courants qui ne sont que des émanations le plus souvent travesties des écoles juridiques de base. Nous nous retrouvons autour d’une plate-forme commune à savoir : un Seul Dieu, un Seul Coran, un seul Prophète, une même direction, une même aqiqa’’, confie Serigne Atou Diagne.
AMINATA FAYE

IDRISSA DIOP CHANTEUR: ‘’Il ne faut pas qu’on prenne la musique pour une affaire de bruit’’

La musique, la bonne, n’a pas d’âge. Elle n’a également pas d’époque et est donc éternelle. Après 40 ans de présence sur la scène musicale, l’interprète de ‘’nobel’’ retrouve encore matière à servir. Plus présent en Europe qu’au Sénégal, Idrissa Diop ‘’vit’’ la musique. Avec le Sahel de Dakar, il a connu de grands succès dans les années 70. Ensuite, il a conquis le monde avec des groupes comme Conscience collective, ''Sixone'', entre autres. Aujourd’hui, il reforme le Sahel de Dakar avec Cheikh Tidiane Tall et Thierno Kouyaté et ont mis sur le marché un album intitulé ‘’La légende de Dakar’’. EnQuête a profité de son séjour au Sénégal pour revenir avec lui sur le groupe, ses succès à l’étranger, ses relations avec l’ancien Président du Sénégal Abdoulaye Wade. ‘’Pa Boy’’ comme on le surnomme dit tout. Entretien !

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Crédit photo: Senews.com

L’album ‘’La légende de Dakar’’ est-il composé de nouvelles chansons, ou est-ce juste un condensé de votre ancien répertoire ?
Il n’y a pas de nouveautés. On a repris les morceaux comme ‘’caridad’’, ‘’Touba-Touba’’ ou encore ‘’fonkal garab’’. On a repris beaucoup de morceaux et tel qu’on les jouait. Quand j’ai voulu produire ce disque, je ne voulais pas qu’on dénature le son de l’époque. J’ai signé avec un grand label en France et ce disque cartonne là-bas, actuellement. Comme je le dis, les vieilles marmites font les meilleures sauces. C’est donc 13 titres concoctés en 8 mois. On a enregistré, réenregistré jusqu’à ce que le maître d’œuvre de tout cela, Cheikh Tidiane Tall, soit sûr qu’on a le produit que l’on recherchait : le même son d’il y a 40 ans. On est fier de cet album, parce que ça touche tout le monde. Il est sorti il y a 6 mois en France, et sera disponible normalement d’ici le mois de mars au Sénégal.
Le producteur grec, Adams, avait revisité des morceaux du répertoire de Sahel. N’est-ce pas ce qui vous a donné l’envie de remettre Sahel ?
Adams, quand il est venu au Sénégal, était à ma recherche. Lorsqu’il m’a retrouvé, il m’a fait savoir que dans toutes les musiques qu’il a écoutées, c’est celle du Sahel qui l’intéresse. C’est ainsi que j’ai appelé Cheikh Tidiane Tall et Thierno. Je leur ai dit qu’un Grec m’a appelé pour me  produire et que je ne veux pas le faire seul. Cela a été le déclic. On a joué au ‘’Womex’’, il y a trois ans de cela. Et on a été les plus plébiscités de tous les groupes, depuis que le ‘’Womex’’ existe. Les gens étaient surpris de voir des musiciens sénégalais qui jouent une musique aussi puissante. Et depuis, je me suis dit qu’on n’avait pas le droit de laisser passer cette opportunité-là. Donc, quand on est revenu, Adams est reparti en Grèce et moi, j’ai dit que je veux maintenir le Sahel. C’est là, pour être très clair, que j’ai produit l’album ‘’La légende de Dakar’’.  
Le morceau ‘’Caridad’’ a eu un énorme succès hors du Sénégal. Parlez-nous de cette reprise…
‘’Caridad’’, on l’a repris d’un très grand musicien qui se nomme Larry Harlow. C’est l’un des plus grands musiciens contemporains cubains. On l’a repris et ça a eu un succès en 73-74. Tous les soirs, on nous demandait de le jouer deux ou trois fois dans la soirée. Et quand on a senti le succès de ce morceau, on a envoyé cette reprise à Larry Harlow à New York. Il l’a écouté et a été ébahi. Il nous a écrit une grande lettre de remerciements. Ainsi, notre reprise a fait que cette chanson a eu un succès magique à cette époque aux Etats-Unis. 43 ans après, on a repris ‘’Caridad’’ dans l’album ‘’Légende de Dakar’’.
Qu’est-ce qui explique le choix porté sur le parrain de l’album Youssou Ndour ?
Youssou est un très grand homme. C’est en voyageant beaucoup que l’on comprend l’importance de ce que Dieu a donné à Youssou Ndour. Il est plus qu’un simple musicien sénégalais. Et je dis qu’il est temps que tous les artistes fassent un bloc et se mettent derrière cet homme-là, pour cette révolution qu’il veut faire. Aujourd’hui, il peut ouvrir toutes les portes, rencontrer les grandes personnalités du monde et mettre son aura et son travail au service de la culture du Sénégal. C’est quelqu’un d’assez spécial. Dieu nous l’a donné au Sénégal, comme, il a donné Mickael Jackson aux Etats-Unis, Bob Marley à la Jamaïque. Il est tant qu’on mette la technique au service de l’émotion. Aujourd’hui, Youssou Ndour est une vraie émotion dans cette planète. Le Président Macky Sall lui a aujourd’hui confié un projet pour qu’il n’y ait plus d’artistes malades dans ce pays qui ne soient soignés.  Aussi, Youssou venait au Sahel alors qu’il avait 14 ans. C’était notre frère. Aujourd’hui, comme il est arrivé à ce stade et qu’on est fier de tout son cheminement, on lui doit tout le respect que lui doivent également d’autres grands musiciens. C’est pour cela qu’on l’a choisi comme parrain.
Justement parlez-nous de votre projet de mutuelle de santé avec Youssou Ndour
Que ce soit su ou pas, de tout temps, quand un musicien est malade ou décède, on dit : ‘’Appelez Youssou Ndour.’’ Et il est tout le temps présent. Au lieu d’être là à faire des quêtes ou des téléthons pour les artistes malades, il veut faire une révolution culturelle. Il m’a écrit une lettre, dès que le Président lui a confié ce grand projet, pour me tenir au courant. C’est pour qu’il y ait une structure, pour que tous les artistes ne soient plus confrontés à certains problèmes, à une certaine précarité. Donc, je le soutiens à mille pour cent sur ce projet de Santé.
Qu’est-ce qui explique l’éclatement du groupe Sahel, en 75 ?                                       
Un des membres du groupe, Mbaye Fall, a été assassiné. C’était le 5 janvier 1975, à la Sicap-Dieuppeul. On en a profité pour dire : plus jamais ça. Il a été poignardé sauvagement et lâchement par un certain Lat-Dior qui disait être un fils de Damel ; et qu’on ne devait pas lui parler d’une certaine manière, etc. A l’époque, on ne pouvait pas continuer sans ce membre. Mbaye Fall était une personne magnifique.
Est-ce qu’après cet assassinat, justice a été faite ?
Je ne rentre pas dans les détails. En tout cas, quelque temps après, l’auteur de cet acte est sorti de prison. On n’a rien compris. Quand on tue une personne quand même, on ne sort pas comme ça de prison. Du moins, dans les normes. Je ne vais pas rentrer dans certains détails mais cela nous avait complètement déstabilisés à cette époque.
L’aventure de ‘’Sixone’’, parlez-nous en un peu…
Après cette séparation, en 75-76, je suis resté quelques années au  Sénégal, avant de repartir en France. J’avais envie de voir d’autres musiques, de confronter mon expérience avec d’autres musiciens comme Eddy Mitchell, Claude Nougaro, Mory Kanté, entre autres. J’ai alors pu rencontrer de très grands musiciens et après, on a monté le groupe ‘’Sixone’’. Ensemble, on a fait plus de 400 concerts. Nous étions six musiciens. Au lieu de dire : six égal un ; on a préféré dire : ‘’Sixone’’. D’où le nom du groupe. On a parcouru l’Afrique et l’Europe, avec un mélange musical extraordinaire. ‘’Sixone’’ a révolutionné le jazz-rock en France. Quand on jouait là-bas, c’était du lourd. Une musique de haute facture. On faisait des salles ultra pleines. On refusait même beaucoup de concerts. C’était une très grande époque.
Qu’en est-il de l’aventure avec ‘’Conscience collective‘’ ?
‘’Conscience collective’’, on l’avait monté avec les ‘’Génies’’. On a fait un album qui s’intitulait ‘’conscience collective’’. Car, j’ai toujours eu confiance en la conscience collective, parce qu’on m’a élevé dans cela. Quand on n’a pas cette conscience collective, on ne peut pas faire de la musique. Donc, cela m’a amené à former ce groupe à Paris, à venir à Dakar avec. Mais quand on a senti qu’à cette époque-là, on ne nous donnait pas la valeur que d’autres pays nous donnaient… (Il ne continue pas la phrase). C’était un passage de ma vie et aujourd’hui, c’est le remix du Sahel et c’est même étonnant. 40 ans après, ça cartonne à Paris.
Vous aviez un projet de studio d’enregistrement à Dakar, ‘’Nikelis’’, mais ça a avorté. Qu’est-ce qui s’est réellement passé ?
Je suis très ému que vous me parliez de cela.  J’ai envie de construire ce fameux bâtiment, ce studio. C’est un projet que j’ai avec un ami français et on le construit en pleine mer. Ce studio sera également une révolution au service de la musique et de la culture au Sénégal. Le projet ‘’Nikelis’’ lui était trop compliqué. On a laissé tomber, il y a une quinzaine d’années. On avait tout le financement avec l’envie de sillonner toute l’Afrique de l’Ouest, parce que la musique africaine, il y a des gens qui croient dur comme fer qu’elle est la mère de toutes les musiques. Mais à ce moment-là, cela demandait beaucoup de papiers. On avait confié la structure à Khalil Guèye et on en a bavé. Seulement, peu de temps après, mon associé Jean Manuel était obligé de reprendre les investissements pour retourner en France. Aujourd’hui, je monte la structure ici à Dakar, parce que je reviendrai pour m’installer définitivement. Et je veux qu’on ait l’arme fatale. Alors un studio Hi-Tech, avec un son qui n’a rien à envier  aux autres, c’est ce que je suis en train de construire dans la mer, à Ngor.
Vous avez toujours voulu amener votre ami Carlos Santana au Sénégal. Pourquoi ce souhait ne s’est-il pas encore réalisé ?
Vous savez, comme on dit : nul n’est prophète chez soi. Mais, il faut aussi qu’on nous reconnaisse notre valeur. La valeur que les autres pays nous donnent. Quand on est aux Etats-Unis, on est avec les plus grands musiciens et producteurs du monde. Quand je viens dans mon pays, je suis étonné qu’on puisse, à un certain degré, donner du talent au bruit. Parce que le bruit a beaucoup de talent ici au Sénégal. Il faudrait que les gens redeviennent sérieux, parce que la musique est un état d’esprit très sérieux. Il ne faut pas qu’on la prenne pour une affaire de bruit. Il faut lui donner de l’importance et aider les jeunes artistes à être de vrais musiciens.
Est-ce pour cela que vous prestez plus à l’étranger qu’ici ?
Oui, parce que je ne peux pas permettre qu’on ne donne pas assez d’importance à la musique dans mon pays. Ici, il n’y a pas plus de trois clubs qui font le bien-être des musiciens. Moi, je peux jouer 5, 6 à 7 fois chaque mois. Pourquoi, dans mon propre pays, il n’y a pas ces structures pour donner une certaine énergie à la musique ? Il y a beaucoup de gens qui jouent avec la musique et la musique n’est pas un jeu.
Vous aviez formé le mouvement ‘’linu guiss doyna nu’’ pour soutenir l’ancien Président Abdoulaye Wade, en 2012. Aujourd’hui quelles sont vos relations ?
En France, j’ai été trois fois le voir à Versailles. La dernière fois ne date pas de très longtemps. D’ailleurs, le disque ‘’La légende de Dakar’’ est avec lui dans son bureau. Il l’écoute et en est fier. En 1974, Ndiouga Kébé, le propriétaire du Sahel, avait invité Abdoulaye Wade le jour de l’inauguration du Sahel, et il était présent. Mes rapports avec Abdoulaye Wade datent d’il y a plus de 40 ans. Donc, Me Abdoulaye Wade est mon grand-père, mon père et…ma muse. J’ai toujours besoin de ses conseils.
Cela veut-il dire que vous militez toujours au Pds ?
Non pas du tout ! Moi, je n’ai pas de parti politique. C’est du passé. J’ai apporté ma contribution pour un père, mais je n’ai pas de parti politique. Je ne milite pour aucun parti politique. Ma vraie politique, c’est la musique et c’est ce que je fais.
Quel regard portez-vous sur la situation actuelle ?
La politique appartient aux politiciens. On est obligé de nous mêler un tout petit peu de la politique, quand on draine un certain monde et qu’on est artiste engagé. Mais la seule chose que je déplore, c’est le fait de se chamailler partout. Au Sénégal, tout le monde parle politique sans pour autant y connaître grand-chose. Je vois des gens qui parlent politique et qui ne savent rien de la politique. C’est comme si j’étais dans une sorte de rêve. La politique est comme la musique. C’est un vrai métier. Je pense qu’on a quand même la chance d’avoir un Président jeune, à qui on doit apporter de l’aide pour poser sa politique.
Cela sous-entend-il que vous êtes actuellement avec le Président Macky Sall ?
Je suis avec ma musique. Je dis que je prie au nom d’Allah qu’il réussisse, en tant que président de tous les Sénégalais. On peut ne pas être dans un parti politique et parler positivement de quelqu’un. Le Président Macky Sall est un Président qui a été élu à 65%. C’est un jeune, on peut lui donner cette opportunité pour qu’il travaille pour ce pays. Ne pas être ensemble ne veut pas dire que l’on doit s’insulter et se chamailler. Que ceux qui doivent parler le fassent et que les autres se taisent. Nous, on est là depuis Léopold Sédar Senghor. Donc, on connaît les gens que l’on voit parler urbi et orbi. 
AMINATA FAYE