C’est aujourd’hui l’anniversaire de la disparition du savant sénégalais, Cheikh Anta
Diop. Mais hier, un jour avant cette date inoubliable, un vibrant hommage lui a
été rendu à l’université Cheikh Anta
Diop de Dakar. C’était à l’occasion de la conférence inaugurale annuelle de
rentrée.
De la tombe où son âme repose, Cheikh Anta Diop a eu
droit à une marque de respect. C’est un beau salut ! La cérémonie a été à
la hauteur de l’historien, anthropologue, égyptologue et homme politique
sénégalais. Une matinée pas comme les autres.
10 heures à la porte d’entrée de l’amphithéâtre de
l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) II, l’accueil est unique. L’on peut lire
sur le visage des organisateurs l’amour qu’ils portent à cet éminent homme.
Motivés, ils accueillent un groupe de personnes par ci, distribuent des flyers
par là, avec, à coté, deux tables disposées parallèlement et sur lesquelles
sont disposés des ouvrages à vendre. Un pas de plus suffira pour avoir accès à
la salle qui accueille les invités. Là, se remplit progressivement la salle, déjà presque
comble.
Projection
d’extraits de conférences du savant sénégalais. Trente minutes après, la séance
est ouverte. Le public, composé d’élèves et étudiants, observe un silence
absolu. Les premières loges sont occupées par les autorités et parents de
cheikh Anta Diop. Stylo à la main, les premiers mots du conférencier, Théophile
Obenga, captivent tout le public qui s’est vite mis à la prise de notes. En
effet, la conférence avait pour thème : «L’enseignement des humanités
égypto nubiennes en Afrique noire : quels fondements scientifiques ?
Quelles conditions de mise en œuvre ?» Un choix que la Fondation Léopold
Sédar Senghor dit avoir fait pour appuyer la conviction profonde de ce savant,
éminent égyptologue. Le temps passe, la cérémonie aussi.
«L’Afrique
recule parce que…»
Le conférencier, égyptologue, linguiste,
historien, qui a défendu une vision de
l’histoire africaine recentrée sur les préoccupations des chercheurs et
intellectuels africains, soucieux de revisiter leur patrimoine (Afrocentricité)
Théophile Obenga, avec Cheikh Anta Diop, est un conférencier hors pair. L’on en
oublie le temps qui passe. Plus on avance, plus la conférence est intéressante.
Ces arguments étaient entrecoupés de rires par ci, de tonnerres
d’applaudissements par là. Comme qui dirait : «A Rome, on fait comme les
Romains». Il a utilisé le langage adéquat pour se faire comprendre des
étudiants. Montrant ainsi aux jeunes la voie qu’il faut emprunter pour une
«Afrique meilleure». «Il nous faut une bonne organisation, on n’est pas
plus idiots que les autres». Suffisant pour que la salle se mette à rire. «Il
faut organiser des séminaires, des visites dans la vallée du Nil, des documentaires,
créer des réseaux sociaux. On recule parce qu’on n’est enraciné(s) nulle part.
Les pays qui se développent travaillent tous les jours, ils ne parlent même pas
de développement ou d’émergence. L’Afrique ne peut pas rester ainsi, ce serait
une injure à l’humanité».
Cheikh Anta Diop, un savant jusqu’à son
dernier souffle
Mais qui a-t-il été ? Qu’a-t-il fait ? Pour
quiconque ne saurait répondre à ces questions, voici une synthèse. Cheikh Anta
Diop, né le 29 décembre 1923 à Thiétou (Bambey) et décédé le 7 Février 1986,
fut un historien, anthropologue, égyptologue et homme politique sénégalais, qui
a mis l’accent sur l’apport de l’Afrique et en particulier de l’Afrique noire,
à la culture et à la civilisation mondiales. Ses thèses restent discutées dans
la communauté scientifique, en particulier, au sujet de l’Egypte antique.
Précurseur pour ce qui concerne l’importance et l’ancienneté de la place des
Africains dans l’histoire, confirmées par les études actuelles, sa vision est
interprétée comme une anticipation de découvertes archéologiques majeures des
années 2000 sur le continent africain.
Aminata FAYE
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